Madame la Ministre,
Il y a quelques jours, deux pompières bruxelloises ont osé dévoiler le quotidien qu’elles vivent au travail. De leur témoignage édifiant, ressortent deux problèmes majeurs.
Tout d’abord, les femmes des services de secours manquent cruellement d’infrastructures leur étant réservées. Il est pourtant évident que nos casernes devraient avoir des vestiaires, des douches, des sanitaires et des salles de repos réservés aux femmes. Sans cela, comment pourrions-nous espérer que davantage de femmes s’engagent pour servir dans nos services de secours ?
Plus grave encore, ces pompières évoquent les remarques et insultes sexistes dont elles sont fréquemment victimes. Elles mettent d’ailleurs en cause l’inaction de la hiérarchie.
Si ce récent témoignage émane de deux pompières bruxelloises, il y a malheureusement fort à parier que la situation qu’elles dénoncent soit également à déplorer dans le reste du pays.
Madame la Ministre, cette situation est tout simplement inacceptable.
Mes questions sont dès lors les suivantes :
– Existe-t-il des conseillers en prévention pour recueillir les éventuelles plaintes ou remarques des pompières ? Si oui, combien (pour toute la Belgique) ?
– Combien de plaintes pour sexisme de la part de pompières ont-elles été déposées (pour toute la Belgique) ? Quelles suites se sont-elles vues accorder ?
– Il semblerait que l’Institut pour l’égalité entre les femmes et les hommes, mais aussi l’inspection des lois sociales et du travail, auraient déjà signalé la discrimination que constitue le manque d’infrastructures réservées aux femmes des services de secours. Pouvez-vous me le confirmer ?
– Quel pourcentage des casernes de pompiers dispose d’équipements sanitaires réservés aux femmes ? Avez-vous pour projet d’augmenter cette proportion ? Si oui, à quelle échéance ?
D’avance je vous remercie pour vos réponses,
Julie Chanson
Réponse de la Ministre Verlinden du 31/03/2021
Madame Chanson, je vous remercie de m’avoir posé cette question dont la thématique importante m’est très chère.
Les zones de secours, qui sont les employeurs de nos pompier(e)s, sont tenues de compter dans leurs rangs un ou plusieurs conseillers en prévention, conformément aux dispositions du Code du bien-être au travail. Celui-ci et ses arrêtés d’exécution déterminent le nombre de conseillers en prévention ainsi que leur niveau de formation, en fonction, entre autres, du nombre des effectifs. Toutes les zones de secours disposent ou disposeront, à brève échéance, d’un conseiller pour les aspects psychosociaux, faisant partie du service interne ou externe du service de prévention et de protection au travail auxquelles elles sont affiliées.
En ce qui concerne les éventuelles plaintes relatives à des faits de sexisme, aucune n’a été déposée pour le moment. Il peut en exister, mais elles ne sont pas connues. Les victimes peuvent déposer plainte au sein de l’entreprise via le conseiller en prévention psychosociale et les personnes de confiance. Elles peuvent également le faire auprès d’une organisation externe telle que la police, l’Institut pour l’Égalité des femmes et des hommes ou encore un service d’inspection. Les plaintes sont communiquées au SPF Emploi, Travail et Concertation sociale, à l’intention du service interne de prévention et de protection au travail. Je ne dispose donc pas de chiffres relatifs à des plaintes pour raison de sexisme.
Les dispositions relatives à l’équipement des lieux de travail -toilettes, vestiaires, douches et autres pièces réservées aux femmes–se trouvent dans le Codex. Il incombe donc à l’Inspection du travail, qui relève de la compétence du SPF Emploi, Travail et Concertation sociale, de contrôler la conformité des lieux de travail en la matière. En tant qu’employeurs, les zones de secours doivent bien évidemment se conformer aux dispositions du Codex. Dans les faits, la plupart d’entre elles disposent d’accommodations spécifiques pour le personnel féminin. Il est donc de leur responsabilité de prendre les mesures nécessaires pour pallier d’éventuels manquements, qu’il s’agisse de vestiaires, sanitaires ou d’autres équipements à réserver aux femmes sur le lieu de travail.