Madame la Ministre,

Notre pays, situé au carrefour de l’Europe, est reconnu comme lieu de transit par excellence pour diverses formes d’activités illégales. Ces dernières années, les mafias ont su profiter de cet avantage géographique pour se développer dans divers secteurs lucratifs comme le trafic de drogues, la traite d’êtres humains, la fraude ou encore l’escroquerie pour ne citer qu’eux.

La lutte contre le terrorisme nous a, à juste titre, beaucoup occupé dernièrement mais nous a peut-être aussi empêché d’être sur tous les fronts et notamment celui des réseaux criminels. Sans compter que nous déplorons également une absence criante d’enquêteurs spécialisés dans la lutte contre les organisations criminelles.

Madame la Ministre, ces réseaux sont à l’origine d’une économie souterraine qui échappe à notre pays et engendrent de nombreux faits divers macabres sur fond de règlements de comptes et de lutte de pouvoir.

Mes questions sont dès lors les suivantes :

– Nos policiers sont-ils formés et suffisamment préparés pour mener cette lutte ?
– Envisagez-vous de créer une cellule composée d’enquêteurs spécialisés dans la lutte contre les mafias et autres bandes du crime organisé ?
Que pouvez-vous nous dire sur la lutte conjointe qui est menée avec différents services, pays et agences, comme ce fut le cas en septembre de l’an dernier lorsque l’unité antimafia de Palerme, la police belge et Europol ont collaboré pour mener une série d’arrestations à Liège et en Italie ? Cette collaboration est-elle satisfaisante ?

D’avance je vous remercie pour vos réponses,

Julie Chanson

Réponse de la Ministre Verlinden du 26/03/2021

Il ne m’est pas permis de communiquer au sujet de l’état d’avancement d’une enquête de recherche ou d’une enquête judiciaire en cours spécifique. Dans mon exposé d’orientation politique, j’ai souligné l’importance d’une approche renforcée de la criminalité organisée.

Lors de l’évaluation du ‘Stroomplan’, cette approche multidisciplinaire au cœur de la ‘Kali-team’, sous-tendant une coopération entre l’autorité judiciaire et administrative, est essentielle. Il ne fait aucun doute que nous devons continuer à travailler dans ce sens.

La présence des organisations criminelles et des Mafias en Belgique n’est pas contestée. Comme dans les autres pays européens et à travers le monde, l’impact du crime organisé sur notre société n’est pas négligeable.

La Belgique : pays densément peuplé et cosmopolite, capitale de l’UE au carrefour de l’Europe, siège de nombreuses institutions et lieu d’implantation, d’un des plus grands ports mondiaux à Anvers, constitue également un point attractif pour les organisations criminelles et les Mafias.

L’objectif principal des organisations criminelles étant de faire du profit, nous constatons depuis plusieurs années une diversification de celles-ci vers des activités polycriminelles et leur implication opportuniste dans de nouveaux secteurs (atteinte à l’environnement, cybercriminalité, subsides européens, …) même si le poids du trafic de drogues et de la traite des êtres humains reste très important.

L’impact sociétal est marqué à travers les atteintes des organisations criminelles à la sécurité publique (corruption, rackets, cybersécurité, …), la santé publique (drogues, hormones et anabolisants, …), l’environnement (trafic de déchets, pollutions, …), l’intégrité physique (criminalité violente, traite des êtres humains, règlements de compte, …), à l’économie et à la sécurité sociale (fraude sociale et fiscale organisée, détournement de subsides, blanchiment, …).

En matière d’organisations criminelles, la Belgique dispose d’un arsenal juridique adéquat pour lutter contre celles-ci notamment à travers une infraction autonome d’organisation criminelle reprise à l’article 324bis du code pénal et à des dispositions de lutte contre le blanchiment, incluant des saisies et confiscations obligatoires pour les juridictions.

La Police Intégrée et spécifiquement la Direction Générale de la Police Judiciaire souhaite renforcer la lutte contre le crime organisé et particulièrement déstabiliser voire démanteler les organisations criminelles présentes en Belgique, à travers notamment un programme de lutte contre la criminalité organisée.

Dans un premier temps, l’objectif sera d’améliorer l’image et la connaissance de ces mafias et organisations criminelles afin de renforcer l’efficacité et l’efficience de notre action policière administrative et judiciaire.

Face aux manques de moyens de la Police Fédérale et de la Police Judiciaire Fédérale constatés ces dernières années, le gouvernement a décidé de l’attribution de moyens budgétaires complémentaires pour la lutte contre le crime organisé qui est, avec la lutte contre le terrorisme, sa principale priorité.