Madame la Ministre,

Je voudrais faire ici échos aux déclarations de deux chefs de corps des zones de police de Bruxelles Midi et Bruxelles Nord, faisant l’objet d’un article de presse dans le Soir du 16 février.

Les deux chefs de corps interviewés déclarent vouloir penser une voie de sortie à la spirale dans laquelle se trouvent actuellement les forces de l’ordre, au vu des évènements tragiques de ces dernières semaines. L’un deux indique qu’il faudrait également développer de nouvelles aptitudes concernant l’utilisation de la parole mais aussi se montrer plus exigeant en passant par des postures et des décisions fortes sur le plan disciplinaire lorsque des incidents surviennent.

Dans cet article, plusieurs éléments ont retenu mon attention. Tout d’abord, M. Dauphin indique que « La loi sur la discipline est faite pour ne pas fonctionner ». Il appelle également à la création d’un cadre fédéral pour l’utilisation des bodycams. De plus, les deux chefs de corps appellent à une réflexion de fond sur la place de la police et à l’inclusion de services de prévention et de services socio-éducatifs visant à construire la sécurité au quotidien. Je cite : « La police doit être la dernière option. Je suis certain qu’au minimum 50 % des problèmes peuvent être résolus par la médiation via d’autres services. On peut investir moins dans la police à l’avenir si on investit dans les bons services à côté ».

Si je me permets de revenir sur ces propos aujourd’hui, c’est qu’ils font échos à différentes questions que je vous ai posées ces dernières semaines. Jusqu’ici, les politiques menées avaient pour unique objectif l’aspect sécuritaire et la crise du coronavirus ayant encore accentué cette optique. Aujourd’hui, la tension entre police et citoyens est plus forte que jamais. Nous devons, à mon sens, investir dans la formation, la prévention et l’articulation entre les acteurs socio-éducatifs et les services de police pour recréer du lien. Ce n’est pas en armant toujours plus nos policiers sur le terrain que le lien de confiance sera rétabli avec le citoyen. Il suffit de regarder ce qu’il se passe en France, pays qui possède la police la plus armée d’Europe, pour savoir ce dont nous ne voulons pas chez nous.

C’est pourquoi, Madame la Ministre, je souhaiterais vous poser les questions suivantes :

– Quelle est votre opinion face aux propos tenus par ces deux chefs de corps sur la nécessité de sortir d’une politique jugée trop sécuritaire ?
– Quelle est la formation dispensée aujourd’hui dans les académies quant à la « communication » ?
– Investir davantage dans la prévention fait-il partie de vos intentions lorsque vous évoquez la valorisation de la fonction d’agent de quartier ?

D’avance je vous remercie pour vos réponses,

Julie Chanson

Réponse de la Ministre Verlinden du 24/02/2021

Madame Chanson, la gestion de la crise covid fait l’objet de décisions prises par l’OCC et les politiques de contrôles et de poursuites développées en la matière s’inscrivent dans les décisions précitées. Il n’est pas question de poursuivre une politique sécuritaire et punitive, il est question d’intervenir de la manière la plus adéquate possible afin de gérer cette pandémie, cela dans l’intérêt de tous les citoyens.

Pour la gestion de la crise covid comme pour l’exécution des missions policières de base, la philosophie d’une police orientée vers la communauté reste d’application. Les directives opérationnelles émises par la task force GPI rappellent d’ailleurs qu’il convient dans tous les cas d’intervenir avec bon sens afin de faciliter le déroulement de l’intervention. La bonne foi manifeste des personnes interpellées est prise en compte.

Les termes « le tout policier » doivent également être nuancés, la police n’est en effet qu’un maillon de la chaîne sécuritaire. La thématique sécurité ne peut en aucun cas être considérée comme une mission exclusivement réservée à la police intégrée, à la justice et aux autres services publics, elle doit être l’œuvre de la société civile et partir de celle-ci.

Dans cette optique, l’IPNS est réalisé en collaboration avec des partenaires externes qui ont un rôle de premier plan dans une série de phénomènes.

La note-cadre de sécurité intégrale constitue un cadre de référence et de politique stratégique pour tous les acteurs contribuant à une réelle approche de la sécurité.

Dans ma déclaration de politique, j’aborde une politique de sécurité intégrale qui accorde une attention particulière tant à la prévention qu’à la répression et qui implique un travail collaboratif avec mes collègues du gouvernement fédéral et ceux des entités fédérées, les gouverneurs, les bourgmestres, les administrations locales, les centres de connaissance, les entreprises et les citoyens.

Les formations en maîtrises de la violence accordent aussi une attention particulière aux aptitudes communicationnelles et psychosociales. Je parle ici non seulement de la formation de base mais aussi de la formation et de l’entraînement continu que doivent régulièrement suivre nos policiers tout au long de leur carrière. Diverses autres formations proposées aux policiers peuvent être citées, comme celles portant plus spécifiquement sur la communication et la gestion de conflits.

Je partage évidemment la volonté de voir la police plus investie dans la prévention et les activités socioculturelles. La police fédérale s’investit dans des relations constructives avec diverses ONG et d’autres organisations de la société civile. En outre, par le biais de ma déclaration de politique, je continuerai à encourager la participation citoyenne dans le domaine de la sécurité sociétale.