Madame la Ministre,

Durant la semaine du 12 avril, Liège a été le théâtre de violents affrontements entre deux bandes urbaines. Il semble que les tensions entre ces-dernières s’étaient gravement intensifiées au cours des jours précédents. Le bilan de ces affrontements est tragiquement lourd puisque, outre les 28 interpellations et les nombreux blessés, un père de famille a trouvé la mort alors qu’il tentait de calmer les tensions.

Cette affaire vient s’ajouter à de nombreuses autres ayant touché la région liégeoise, mais pas seulement puisque la violence urbaine et les guerres de bandes déchirent toutes les grandes villes du pays de façon inquiétante. Malheureusement, la lutte que mènent la police fédérale et les polices locales contre ce fléau est entravée par des ressources limitées.

Madame la Ministre, mes questions sont donc les suivantes :

– Comment comptez-vous permettre à nos polices de mener cette lutte dans les meilleures conditions possibles, tant au niveau du matériel que des effectifs ?
– L’échange d’informations entre la police fédérale et locale peut-il être encore amélioré afin de permettre une meilleure surveillance de ces bandes urbaines ?

D’avance je vous remercie pour vos réponses,

Julie Chanson

Réponse de la Ministre Verlinden du 28/04/2021

Les dégâts causés par les émeutes du 16 avril dans le quartier de Droixhe à Liège consistent surtout en des voitures saccagées, dont certaines par des impacts de balles. Pour l’intervention, la police de Liège a reçu du renfort de la police fédérale, qui a déployé un canon à eau et un hélicoptère. La PJF de Liège est associée à l’instruction.

Le groupe de travail national s’est déjà réuni trois fois et se réunira à nouveau la semaine prochaine. Plusieurs pistes de travail ont été regroupées, dont la collecte et la gestion des informations. La désignation des personnes chargées de diriger les sous-projets se fait conjointement par la police fédérale et la police locale. Les zones sont représentées par les Commissions permanentes de la police locale.

La police locale suit les bandes urbaines mais, en fonction de la répartition des tâches de la COL 2/2002, la police judiciaire peut rechercher des informations en cas de la criminalité organisée.

La lutte contre les bandes relève de la police locale pour la prévention. Mais plusieurs arrondissements ont une politique ciblée vers d’autres groupes commettant des délits spécifiques. Ce fut le cas à Droixhe où la police liégeoise a appliqué une tolérance zéro entre 2015 et 2017 et depuis 2020.

Suite aux faits récents, un conseil zonal a réuni le parquet, le bourgmestre, les directeurs coordinateur et judiciaire et la zone de Liège pour fixer les moyens à utiliser afin d’éviter de nouveaux faits.

Une proactivité permanente s’impose pour identifier les bandes urbaines en usant des bases de données officielles et de la Banque de données Nationale Générale après contrôles sur le terrain. Avec la Banque de données Nationale Générale, la police locale peut travailler au niveau judiciaire mais sous contrôle d’un magistrat de référence.

La police locale approuve ou non le Plan zonal de sécurité déterminant les priorités liées à la sécurité et les moyens réservés.

Le directeur coordinateur est chargé de l’appui fédéral en matière de missions supralocales de police administrative et des missions impliquant les polices administrative et judiciaire.

Toute la police intégrée doit rechercher les informations. L’usage des moyens de communication alternatifs, voire cryptés, complique cette tâche. C’est pourquoi ma note de politique générale vise une police guidée par l’information.

Plusieurs projets sont en cours. La technologie soutiendra cet échange d’informations, sans oublier le rôle des parquets.