Madame la Ministre,

Ce jeudi 18 mars, un féminicide s’est à nouveau produit. Un de plus cette année et encore un de trop. A Braine-le-Comte, un homme d’une quarantaine d’années a tué sa compagne et ses deux enfants, avant de se donner la mort.

Les premiers témoignages semblent donner l’image d’un couple au bord de la séparation puisque les disputes étaient fréquentes entre les deux compagnons. Il est question également d’un homme violent et alcoolique.

Outre une plainte à son encontre pour viols sur mineurs, l’homme était déjà connu des services de police pour des faits de violences conjugales. En effet, la police locale était déjà intervenue une vingtaine de fois au domicile de cette famille et à plusieurs reprises l’homme avait été emmené au commissariat.

Madame la Ministre, mes questions sont donc les suivantes :

– La police aurait-elle pu faire quelque chose de plus à l’encontre de cet homme ?
– En 2021, il y a déjà eu 8 féminicides et 6 infanticides à la date du 19 mars, soit une moyenne plus de deux fois supérieure aux années précédentes. Comment comptez-vous lutter contre ce fléau, encore exacerbé avec la crise sanitaire ?
– Les policier sont-ils formés aux problèmes de violences conjugales et à l’accompagnement de ces victimes ? Cette problématique est-elle abordée durant la formation des agents en Académie de police ? Si oui, comment ?

D’avance je vous remercie pour vos réponses,

Julie Chanson

Réponse de la Ministre Verlinden du 31/03/202

On distingue quatre formes de violence intrafamiliale, à savoir la violence physique, sexuelle, psychologique et économique, et ce au sein du couple, vis-à-vis des descendants ou vis-à-vis d’autres membres de la famille.

En 2020, le nombre faits de violence intrafamiliale constatés a diminué par rapport à 2019.Pour certains mois, on observe une baisse, pour d’autres, les chiffres restent stables par rapport à 2019.

Outre les constats de violence intrafamiliale, des procès-verbaux sont également dressés pour les disputes familiales, qui ne constituent pas des faits punissables. Le nombre de ces faits enregistrés augmente d’année en année, y compris en 2020.

Ces chiffres ne correspondent effectivement pas à la perception d’une augmentation des violences intrafamiliales pendant le confinement.

Depuis avril 2020, la catégorie des faits qui peuvent être dénoncés à distance par le biais du guichet numérique a été temporairement élargie. Le formulaire comporte également un champ textuel libre dans lequel il est possible d’indiquer qu’une personne est victime de violence intrafamiliale.

En ce qui concerne la violence intrafamiliale, nous constatons que la volonté de la dénoncer est plus faible en raison de la honte ou du sentiment de loyauté envers l’auteur de la violence.

La police judiciaire fédérale mène toujours l’enquête. Il convient d’en attendre les conclusions.

L’accueil de victimes et l’intervention pour violences intrafamiliales ont été intégrés dans la formation de base des aspirants inspecteurs. L’accueil des victimes de violences conjugales est abordé dans certaines formations, essentiellement organisées par les écoles provinciales agréées chargées de la formation des zones de police locale. D’autres formations, ne portant pas spécifiquement sur cette problématique, ont été adaptées.

La formation sur l’accueil des victimes en général dote nos policiers de meilleures aptitudes pour accompagner les victimes de violences conjugales et/ou intrafamiliales. Les diverses formations des écoles de police sur les violences sexuelles et l’accueil des victimes, bien que non spécifiques à la sphère familiale, dotent aussi les policiers de compétences utiles. Le plan fédéral de formation actuel reprend dans les thèmes prioritaires les violences faites aux femmes.

Les circulaires n’ont pas encore été discutées au sein de la plate-forme de concertation Justipol.

L’outil d’évaluation de première ligne du risque en matière de violence conjugale sera mis en œuvre dans le Integrated System for the Local Police. Le déploiement se fera en trois phases, dont la première est déjà achevée. La deuxième phase débutera en juin.