Madame la Ministre,

Il y a quelques jours, la presse rapportait l’histoire de Marion, une jeune femme qui a été l’objet de harcèlement de rue sur le chemin de son travail. Souhaitant déposer plainte, elle s’est rendue au commissariat de Molenbeek où des policiers se sont vraisemblablement moqués d’elle. Ils lui ont en effet signifié qu’il était impossible de déposer plainte pour ce genre de faits et que le harcèlement de rue n’existait pas dans leur commune. Ces policiers ont également minimisé les faits en soutenant que Marion ne serait de toute manière jamais entendue pour harcèlement de rue.

Bien entendu, le cas de Marion n’est pas isolé. Rien qu’à titre personnel, je connais plusieurs autres femmes à qui cette situation est arrivée.

Madame la Ministre, nous ne pouvons pas tolérer ce genre d’attitude de la part de nos policiers. Il est véritablement crucial que la lutte contre le sexisme et les violences faites aux femmes, qu’elles soient psychologiques ou physiques, soit une problématique à laquelle nos agents de première ligne sont sensibilisés.

Dès lors, Madame la Ministre, voici mes questions :

– La loi du 22 mai 2014 visant à lutter contre le sexisme dans l’espace public est précisément la base légale qui permet aux femmes de porter plainte pour harcèlement de rue. Tous les policiers ont-ils bien connaissance de cette loi ? A quel moment de leur formation est-elle abordée ? Au vu de son apparente méconnaissance, ne faudrait-il pas envisager une petite piqûre de rappel ?
– En outre, qu’envisagez-vous de mettre en place pour que cette situation n’arrive plus, ni à Bruxelles ni ailleurs ?

D’avance je vous remercie pour vos réponses,

Julie Chanson

Réponse de la Ministre Verlinden du 02/06/2021

Madame Chanson, le harcèlement de rue est bien présent dans la société. Ce phénomène est pris en compte à différents niveaux, en termes législatifs et de prévention. Pour la Région de Bruxelles plus spécifiquement, le phénomène est repris dans le Plan global de sécurité et de prévention et dans le Plan bruxellois de lutte contre les violences faites aux femmes lancé en2020. Ce dernier plan a été souscrit par de multiples partenaires actifs sur le territoire dans les zones de police.

Depuis le lancement du plan, et face à la visibilité grandissante du phénomène, plusieurs zones de police bruxelloises ont mis en place divers projets sur la thématique du harcèlement de rue, que ce soit en termes de formation et/ou d’orientation de patrouille en civil notamment.

Plus particulièrement, en ce qui concerne la zone de police Bruxelles-Ouest, un plan de formation et de sensibilisation sera déployé dans le courant de cette année. Dans une première phase, le personnel de première ligne sera formé non seulement aux aspects législatifs et procéduraux, mais aussi à l’accueil et à l’audition de victimes de ce type de harcèlement. De plus, une campagne de sensibilisation sera menée envers l’ensemble du personnel opérationnel afin d’augmenter la vigilance des policiers en rue et d’acter les plaintes d’office.

De manière plus générale, cette problématique fait l’objet d’une grande attention dès la formation de base des inspecteurs de police, les formations continuées concernant l’accueil et l’assistance aux victimes permettant également de développer des compétences et aptitudes essentielles dans ce cadre.

Enfin, il revient en premier plan aux autorités des zones de police locale de veiller à ce que leurs collaborateurs mettent à jour leurs connaissances et développent leurs compétences. Dans ce cadre, elles peuvent s’adresser aux écoles agréées ressortant de leur territoire en cas de besoin en formations plus spécifiques. C’est ainsi que l’école de police de Bruxelles a organisé des formations portant exclusivement sur le harcèlement de rue et le sexisme au quotidien.

Je souligne en outre que l’accueil des victimes est l’une des thématiques reprises dans le plan de formation 2020-2021 qui fixe les thèmes de formation devant faire l’objet d’une attention prioritaire. J’entends continuer à investir dans ce type de formation, comme je l’ai indiqué dans ma déclaration de politique.