Madame la Ministre,

Le 23 mai dernier, un inspecteur de police bruxellois âgé de 37 ans s’est donné la mort sur son lieu de travail à son retour de vacances. Décrit comme un « bon policier », cet homme laisse derrière lui un enfant. Ce drame a évidemment choqué la zone de police Bruxelles-Nord dans laquelle il était affecté.

D’autant, Madame la Ministre, que ce n’est malheureusement pas la première fois qu’un agent de cette zone se donne la mort. En effet, en août dernier, un autre inspecteur de la même zone s’était lui aussi suicidé mais à son domicile cette fois. A l’époque, ce dernier s’était plaint d’être victime de harcèlement de la part de sa hiérarchie. Des questions se posent tant ce qui étonne dans cette nouvelle affaire, c’est que cet inspecteur de police, ayant demandé sa mutation, ne travaillait pas et s’est donc délibérément rendu sur son lieu de travail pour mettre fin à ses jours.

Madame la ministre, voici dès lors les questions que je me pose à la suite de cette triste affaire :

– L’auditorat du travail de Bruxelles avait déjà ouvert il y a quelques mois une enquête à charge de « x » suite à diverses plaintes de membres du personnel de cette zone de police bruxelloise, pour harcèlement moral au travail. En avril 2020, la RTBF diffusait un reportage qui mettait en lumière plusieurs témoignages de policiers se disant harcelés par certains hauts gradés de la zone. A la suite de ces différents éléments, comment pouvez-vous expliquer le manque de sanctions et de prise de responsabilité dans cette affaire ? Plus particulièrement, comment comprendre l’impunité manifeste qui entoure les hauts gradés de cette zone ?
– Ensuite, avez-vous de plus amples informations à nous communiquer vis-à-vis de l’enquête menée ?
– Enfin, des mesures supplémentaires sont-elles à l’étude pour encore améliorer l’écoute des policiers en cas de harcèlement ?

D’avance je vous remercie pour vos réponses,

Julie Chanson

Réponse de la Ministre Verlinden du 02/06/2021

Les risques psychosociaux au travail sont définis comme la probabilité qu’un ou plusieurs collaborateurs subissent un dommage physique ou psychique pouvant également s’accompagner d’un dommage physique, à la suite d’une exposition à une ou à des composantes du travail et sur lesquelles l’employeur a un impact et qui comportent objectivement un danger. Ces composantes sont l’organisation du travail, les conditions du travail, les conditions de vie au travail, le contenu du travail et les relations interpersonnelles au travail. Toutes ces composantes sont liées entre elles et s’influencent l’une l’autre.

Au sein de la police, chaque membre du personnel a la possibilité de s’adresser au conseiller en prévention psychosociale ou à la Stress team. Des analyses de risque globales, mais aussi des analyses de situations de travail spécifiques, sont effectuées continuellement afin, non seulement de pouvoir réaliser une cartographie des risques psychosociaux mais aussi de prendre des mesures individuelles et collectives pour anticiper au mieux ces risques.

À la police fédérale, des fiches de prévention sont rédigées à la suite d’accidents ou d’incidents interpellants pour tenter d’en tirer des leçons et éviter, dans la mesure du possible, que ce même type d’événements ne se reproduise.

La Stress team de la police fédérale a constaté une augmentation des interventions pour raisons psychosociales au cours de l’année 2020, en comparaison avec l’année2019. En effet, le nombre d’entretiens réalisés est passé de 3917 en 2019 à 4598 en2020 (une hausse de 17%). Il n’est pas possible de déterminer avec précision les causes de cette recrudescence, mais comme pour la population en général, la police n’échappe pas au phénomène.

Comme déjà évoqué précédemment, la Stress team de la police fédérale est constituée de 11psychologues et 8assistants sociaux formés à l’accueil, l’accompagnement et la psychothérapie pour les phénomènes psychosociaux. Ils sont épaulés par deux assistantes administratives. J’ajouterai que ce cadre est systématiquement comblé pour être complet.

Par ailleurs, il existe des Stress teams dans certaines zones de police,services provinciaux ainsi que dans les services externes de prévention et de protection au travail qui contribuent également au soutien des membres du personnel rencontrant des problèmes psychosociaux.

À la suite de l’analyse de risques psychosociaux réalisée fin2018, des séances d’information ont été organisées pour les membres de la ligne hiérarchique dans tous les services de la police fédérale. Des workshop sont été planifiés pour améliorer la charge psychosociale dans toutes les unités. Mais, en raison de la pandémie en cours, ils ont dû être reportés. Enfin, je tiens à ajouter que, via les différents plans d’action annuels, différentes directions de la police fédérale portent une attention particulière à la charge psychosociale des membres de leur personnel.