Madame la Ministre,

Dans un documentaire intitulé « Pompiers, sauver ou périr », l’émission Investigations s’est penchée sur la santé de nos pompiers. Le reportage révèle qu’on recense chez eux d’innombrables cancers et maladies cardio-vasculaires liés aux fumées, au point que les pompiers meurent en moyenne 7 ans plus tôt que les autres Belges.

Aujourd’hui, les pompiers sont heureusement mieux équipés que par le passé car ils portent systématiquement des masques respiratoires lors de leurs interventions sur des incendies.

Pourtant, le nombre de cancers parmi les pompiers, y compris les plus jeunes, indique que ceux-ci continuent de s’empoisonner à cause des fumées et de la suie, malgré leur équipement. Le documentaire nous révèle que le problème vient en réalité précisément de cet équipement, sur lequel se déposent les fumées chargées de substances toxiques. En effet, une fois l’incendie éteint, les pompiers enlèvent leurs masques mais restent en contact avec les émanations nocives provenant de leur tenue. Des substances volatiles, comme le benzène ou les hydrocarbures aromatiques polycycliques, se déposent donc sur la peau, pénètrent dans l’organisme et, à long terme, provoquent des cancers du cerveau, des testicules, de la prostate ou de la peau.

Une solution existe cependant. Il faut permettre aux pompiers de se changer immédiatement après l’intervention, sur place, et se débarrasser de leurs tenues sales. Pour ce faire, il existe des véhicules, appelés REHAB, qui font office de vestiaire et où les vêtements souillés sont récupérés et lavés, pendant que les pompiers enfilent une tenue propre.

Madame la Ministre, mes questions sont donc les suivantes :

– Actuellement, de combien de véhicules de type REHAB disposons-nous ?

– Est-il prévu d’en commander d’autres ? Si oui, pour quand pouvons-nous espérer qu’ils soient opérationnels ?

D’avance je vous remercie pour vos réponses,

Julie Chanson

Réponse de la Ministre Verlinden du 13/01/2021

Chère collègue, une série d’études relatives au risque de maladie dans certains cancers liés à l’exercice de la profession de pompier, notamment les risques consécutifs à la lutte contre le feu, sont disponibles sur le site web de la sécurité civile. Le Centre fédéral de Connaissances pour la sécurité civile a par ailleurs organisé, en novembre 2019, un symposium sur la sensibilisation aux risques encourus par les pompiers et ayant un impact sur leur santé. L’un des intervenants de ce symposium a notamment exposé les résultats d’études menées dans différents pays et qui montrent qu’il y a une survenance plus grande d’un certain nombre de cancers parmi les pompiers. Reproduire à nouveau ce type d’étude en Belgique serait un gaspillage de temps et d’argent car les résultats resteraient identiques. Avant, pendant et après la lutte contre les incendies, les pompiers sont inévitablement en contact avec une grande variété de substances nocives présentes dans les fumées et la suie. Réduire la durée d’exposition ambiante grâce à une manipulation et à un entretien plus ciblé des tenues et équipements constitue un moyen d’éviter les risques de contamination. D’ailleurs, j’ai eu un contact avec les syndicats des pompiers cette semaine-ci et on a en a également parlé car c’est évidemment une de leurs préoccupations.

C’est pourquoi le KCE a développé et diffusé une directive reprenant une série de recommandations et de bonnes pratiques en la matière. Cette directive est disponible sur le site web de la sécurité civile.

Le SPF Emploi, Travail et Concertation sociale fait également mention sur son site web de recommandations en termes de protection des pompiers, notamment le nettoyage de leur équipement. En outre, une grande attention est accordée à cette question dans la formation des pompiers. Cette année encore, je prévois de réaliser une campagne de communication destinée aux zones de secours et qui comprendra un volet dédié à la santé des pompiers, notamment au risque de cancer.

Je rappelle que les zones de secours, en leur qualité d’employeur, sont tenues de prendre les mesures nécessaires en matière de santé de leurs employés, les pompiers.

Madame Chanson, la Centrale fédérale de marchés pour les zones de secours de la sécurité civile n’a jamais ouvert de marché public pour l’acquisition de véhicules aménagés spécifiquement pour la décontamination opérationnelle des pompiers. Elle n’ouvre des marchés publics qu’à la demande des zones. Actuellement, la liste des marchés que les zones souhaitent voir ouvrir ne reprend aucune demande concernant des véhicules aménagés spécifiquement pour la décontamination opérationnelle des pompiers.Je vous remercie.